Serge Radiu, photographe
Pour moi, la photo est un support, comme une toile. A partir d’un cliché je m’exprime en utilisant les logiciels comme Photoshop ou Lightroom.
Photo Serge Radiu, autoportrait
J’ai 65 ans, je suis à la retraite. J’ai passé une grande partie de ma vie dans la restauration en tant que professionnel. Maintenant je me consacre entièrement à la photo.
As-tu pratiqué la photo lorsque tu étais en activité professionnelle ?
Lorsque j’étais jeune, j’ai fait les beaux-arts en arts plastiques à Toulouse. Puis, j’ai suivi une spécialisation en publicité à Marseille. A cette époque, j’ai fait beaucoup d’argentique en laboratoire.
Après les beaux-arts mon parcours professionnel a bifurqué à 90 degrés. Je me suis dirigé vers la restauration. A cette époque, je faisais plutôt des photos de vacances.
Pourquoi la photo ?
Lorsque j’étais aux beaux-arts je réalisais beaucoup de peinture à l’huile. Mais, je trouvais que le support était trop compliqué pour moi. J’ai besoin d’instantané alors que la peinture à l’huile demande du temps. Avec la photo j’ai trouvé un moyen artistique qui me convient entièrement.
Ton rapport à ta pratique artistique a-t-il connu un cheminement ? Lequel ?
Quand j’étais en activité professionnelle, je ne me suis pas trop préoccupé de mon cheminement artistique. Je commence à le construire depuis 1 an.
Néanmoins, je me suis toujours intéressé à la photo, je suis allé régulièrement à des expositions même si je ne pratiquais plus régulièrement.
As-tu fait des rencontres qui t’ont fait avancer ou évoluer dans la réalisation de cette pratique ?
Le fait de rentrer au club Objectif Image de Montpellier m’a fait évoluer. La photo était un projet bien ancré depuis plusieurs années. Le temps libéré par la retraite m’a permis de m’y consacrer entièrement.
J’ai trouvé le club il y a un an lors de la foire aux associations. Il me booste énormément.
Je savais que si je n’intégrais pas une structure j’allais végéter. Je devais me remettre à niveau car je n’avais plus les bases photographiques. L’an dernier a été une année de remise en forme et de remise à niveau. Pendant un an j’ai intégré des techniques, j’ai réalisé ce que je voulais faire. J’ai vraiment avancé à pas de géant.
Cette année j’ai pour objectif la réalisation de travaux plus personnels. Néanmoins, je suis toujours au club avec les contraintes des thèmes fixés par ce dernier comme le minimalisme pour cette année. J’ai aussi intégré le groupe de formation« séries ». Il va me permettre d’avoir une réflexion personnelle plus structurée. Je veux réfléchir sur les axes que je souhaite emprunter.
Je vais prendre la tangente et me faire plaisir.
Quel thème photographique souhaites-tu privilégier ?
Je suis très paysage, paysage urbain. Je ne suis pas dans la photo de rue, dans l’instantané.
Je suis bien dans la nature où rien ne bouge et je peux travailler ma composition. Dans la photo de rue il y a un esprit qui ne me convient pas tellement. Il faut prendre les photos rapidement, aller vers les gens c’est un rapport personnel avec ceux que l’on photographie. Ce n’est pas dans ma nature d’aller vers les gens et de leur demander « je peux vous photographier ? »
Paradoxalement, au sein du club je suis inscrit au groupe urbain. Je l’ai fait pour me booster et du coup je fais des photos de rue pour le projet urbain
Quelle est ta technique préférée ?
Pour moi la photo est un support, comme une toile. A partir d’un cliché je m’exprime dessus, j’utilise les logiciels comme Photoshop, Lightroom. C’est là où je libère une partie de ma créativité. Là, je rejoins ma formation aux beaux-arts. Je réalise un travail de peinture sur la photo. Je sais qu’au club certains sont totalement hermétiques à ce type de procédé, d’autres non. J’adore le travail de Philippe Blois avec les fleurs et des trames.
Ce qui me plait c’est de tordre mes photos pour les faire aller vers ce que je perçois. Cela rapproche de la peinture de traduire ainsi les émotions.
Comment travailles-tu ? Peux-tu dire le temps passé par semaine ou par mois à cette pratique ?
Je travaille environ 20 heures par semaine, je ne me suis pas fixé de cadre. Parfois je peux rester plusieurs heures à travailler sur une photo. Cela me comble parfaitement.
Peux-tu citer une œuvre que tu aimes particulièrement ?
J’aime Herb Ritts pour ses portraits et Hans Hansen pour ses paysages.
http://www.photography-now.com/artist/hans-hansen
Te réfères-tu à une école, un artiste connu ?
Non. Je regarde beaucoup de sites de photos. En ce moment je suis comme une éponge, je m’inspire de tout. C’est pourquoi je participe au groupe « séries » du club. Je sens le besoin de structurer ma pensée. En ce moment je suis tellement « accro » que je m’éparpille un peu dans tous les styles. C’est pourquoi il faut que je définisse un style personnel. J’ai déjà des lignes de direction que j’aimerai perfectionner.
Vas-tu voir des expositions ?
Bien sur, tout ce qui passe à Montpellier au Pavillon Populaire et ailleurs pour la photographie. En peinture, j’ai adoré Boccaj présenté cet été à l’espace Bagouet.
As-tu une période préférée dans l’histoire de l’art ?
J’aime plutôt l’art contemporain, ou disons le vingtième siècle plus généralement.
As-tu déjà exposé ?
Oui avec le club : exposition collective sur la solitude à la Médiathèque Garcia Lorca à Montpellier, exposition collective sur l’urbain à Cabrières.
As-tu vendu des œuvres ?
Non, j’ai un site internet où je présente mes photos.http://sergeradiuphoto.fr/
Peux-tu compléter cette phrase « cette année j’ai l’intention de… » ?
De m’améliorer, comme tout le monde.
De structurer mon travail pour qu’il soit plus personnel.
De choisir un sujet pour le groupe « séries » du club. L’objectif est de réaliser des séries qui soient conformes aux exigences de concours comme le prix Betout. J’ai un travail prévu sur 2 ans qui correspond à ma recherche, je vais avoir des clés pour travailler plus personnellement.
Peux-tu compléter cette phrase « je rêve de… » ?
D’aller au bout de mes désirs en photographie. Ce n’est pas évident car je suis très critique sur ce que je fais. Mes photos me plaisent puis trois mois après je me dis « c’est moyen ». C’est ma sensibilité qui évolue très vite. Du coup les photos que j’ai faites il y a trois mois sont beaucoup moins abouties que celles que je fais maintenant.
Tu as choisi des œuvres pour les présenter sur ce site, peux-tu dire pourquoi tu les as choisies ?
Elles correspondent a ce que j’aime photographier, à ma sensibilité. C’est dans ces domaines que j’aimerai progresser.
Toutes les photos présentées dans cet article sont de Serge Radiu.
Entretien réalisé le 6 janvier 2017 à Montpellier.