Paroles de Marie
Le riz est bien meilleur quand on le mange en commun (proverbe indonésien)
Je pourrais ajouter les photos sont bien meilleures quand on les partage.
Artiste ? ben dis donc ! Amatrice depuis longtemps de photos, à faire et à regarder. J’ai toujours eu un appareil à la maison. Ce qui n’était qu’un passe-temps est devenu un besoin. Pas du tout dans le monde artistique, dans la fonction publique. PTT, ben oui, à l’ancienne ; la photographie m’a aussi permis l’évasion d’être devenue « Orange ».
Quelle (s) pratiques artistiques développes-tu ? Depuis combien de temps ?
Donc la photographie. Elle a toujours fait partie de mon environnement avec des parents qui avaient des appareils photo. J’avais le droit de m’en servir. Mon premier appareil, un polaroïd, m’a été offert un noël pour mes 10 ans. Un compact m’a suivi longtemps avant que j’en achète un nouveau pour mon premier voyage à l’étranger. Toujours quelque chose de simple (sans réglage) et de prêt à l’utilisation. Je n’ai pas retenu la marque mais il était « blue peacock » (en français paon). Et puis vint l’ère du téléphone portable, celui qui prend des photos !
As-tu vécu un évènement déclencheur qui t’as incité à t’engager dans cette pratique ?
Évènement déclencheur qui m’a incité à persévérer, la rencontre avec mon époux, photographe amateur et passionné. D’où inscription dans des clubs photos. Rencontres avec d’autres amateurs. Et aussi nouveaux « travaux », à deux, chacun faisant la partie qu’il préférait.
[je me souviens de grandes promenades dans Paris à la recherche, non de diamant vert, mais de murs peints. A lui les détails en N&B, à moi les vues d’ensemble en couleurs]
Ton rapport à ta pratique artistique a-t-il connu un cheminement ?
Plutôt un changement, à savoir essayer le portrait. Un portrait particulier, un unique modèle, ma mère. J’ai senti qu’il fallait conserver des souvenirs, je me suis mise à prendre des photos de sa vie quotidienne. C’est là que le téléphone est entré en action. Toujours joignable, je l’avais à portée de main. Les débuts ont été simples, ma mère prenait facilement la pose, en suggérait même. Petit à petit il est devenu difficile de capter ou retenir son attention. Les photos étaient prises à la volée. Pendant plus de deux ans j’ai fait plus de 300 photos, une ou plusieurs tous les 2 ou 3 jours. Je les ai imprimées en 10/15, et fait des livrets.
Peux-tu expliquer ou décrire ce que t’apporte cette nouvelle pratique ?
Ayant aussi fait des photos de ma mère avec les personnes qu’elle côtoyait, voisines, commerçants, personnel médical (médecin ,kinés, orthophonistes…) ou intervenant, j’ai recouvert sa porte d’entrée avec « elle et tous les autres ». J’avais franchi le pas de demander aux « autres ».
Petit plus. J’ai parlé de l’utilisation de photos ainsi que de « ma » méthode à des aidants. Je sais que cela a servi à plusieurs personnes. Il est nécessaire de partager ses trucs et astuces qui peuvent améliorer la vie.
Quelle est ton approche ?
Il me faut de la couleur. Pour le N&B je dois me forcer.
Comment travailles-tu ?
Je continue dans le portrait… Mais cette fois avec chacun, chacune, qui accepte. Toujours mon téléphone en main. Je fais ce que j’appelle « des interprétations ». A savoir des montages avec en principe 3 de mes photos. Un fond, neutre de préférence + un portrait + une photo que j’imagine correspondre au modèle. Pour cela, un mot suffit parfois à m’orienter ou alors une couleur du vêtement ou encore le lieu de la rencontre. Pas de retouche (je ne sais pas faire) uniquement des éventuels recadrages.
Le sujet pouvant être une personne de ma famille, un ami, une connaissance ou un parfait inconnu. Il faut surtout que je sente que c’est le bon moment. Question de feeling ! Il y a des personnes à qui je ne demande pas et certaines à qui je force un peu la main. Il me faut aussi le prénom de la personne, que je note sur la photo ainsi que la date. Un regret je n’ai jamais mis l’année. Cela fait un peu plus de trois ans.
J’imprime en 10/15. Je compile dans des carnets. Je donne la photo papier quand je peux, sinon j’envoie par courrier, mail, SMS quand on me donne les coordonnées. Je précise lors de ma demande que n’ayant pas de réseau dit social, cela reste privé.
Te réfères-tu à une école, un groupe artistique connu ?
Non, pas vraiment. Il doit en exister sûrement beaucoup qui font un peu cela.
Peux-tu citer une œuvre que tu aimes particulièrement ? Pourquoi as-tu retenue celle-ci ?
« La nuit » d’Aristide Maillol.
Ma moitié catalane se manifeste. J’aime beaucoup les œuvres de cet artiste, que ce soit sculptures ou peintures.
Vas-tu voir des expositions ?
Oh oui ! De toutes sortes.
As-tu déjà exposé ?
Oui, dans des expositions collectives.
Quels sont tes projets pour cette année?
Cette année, j’ai l’intention de… reprendre plus souvent un véritable appareil photo .
Cette année, j’ai l’intention de… regarder où je mets les pieds pour éviter de m’étaler devant un éventuel modèle obligé de me relever à qui je n’ai rien osé demander. Ah si je savais dessiner j’aurais un souvenir! » .
Et ton rêve ?
Je rêve … d’avoir un nouveau téléphone qui me permette de continuer mes portraits et de trouver de la place pour ranger les carnets que je ne manquerais pas de remplir.
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Morceaux choisis
La presque 1ère. Celle qui m’a donné l’idée et l’envie de me lancer dans cette façon de faire.
2020. Quand j’ai vu ce pull, j’ai vu en même temps ce tableau fait par une amie. Être dans une boutique reliée à la mer a dû jouer aussi. Le port du masque a facilité ma demande. Pas encore le résultat comme il serait aujourd’hui. Il me manque le fond qui n’est que ce que j’ai trouvé sur l’ordinateur, et le prénom. Je ne l’ai appris qu’en portant la photo quelques 2 mois après. Il fallait repasser devant le magasin et que la personne soit présente. Elle a été étonnée -elle m’avait oubliée, une cliente parmi d’autres- et enchantée d’avoir une photo. Il y en a de moins en moins en papier.
2023. Un restaurant coopératif (j’ai beaucoup de photos dans ce genre de lieu…) découvert et fréquenté après un voyage en Indonésie en 1988. Devi, ma jolie modèle n’était pas encore présente à l’époque. J’ai eu l’occasion d’y revenir en décembre 2022. J’ai pu photographier deux des personnes y travaillant. J’ai envoyé les photos avec les vœux auxquels j’ai joint une photo de nos têtes. Heureuse surprise l’année suivante de figurer dans le livre d’or.
Une de mes joies, une vraie récompense.
2022. Nana Brin d’Acier, ferronnerie d’art. Brin d’humour dans la photo.
Dans mes photos il y a parfois les « œuvres » d’autres personnes. S’il y a de l’ironie et que cela colle au personnage, je ne me prive pas de les réunir.
Ici un graff sur une porte de garage et une inscription sur le bitume d’une rue parisienne.
J’ai envoyé la photo par mail sur le site de Nathalie.
2022. Un de « l’école chevaleresque » . Il ne verra jamais (qui sait) le résultat de mon interprétation.
Lors d’un forum des associations, avec ses compagnons ils s’étaient prêtés au jeu et avaient posé en groupe (5) et seuls. Mon beau ninja, je ne connais pas son prénom, avec sa figure masquée m’a entrainée vers une porte enchantée ouvrant sur l’inconnu.
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PS : Je n’ai pas eu souvent de refus. La plupart du temps, quand je donne la photo, le modèle qui est passé devant mon objectif subjectif me répond. A plus forte raison quand il s’agit de photo papier. J’en ai même vu affichée sur le comptoir d’une crêperie, et des photographiés me chercher de futurs modèles.
Marie-Josèphe Soyer, janvier 2024